Achats féminins : les produits les plus prisés par les femmes

11 %. C’est la différence de prix qui sépare un rasoir “pour elle” d’un rasoir “pour lui” dans les rayons français. Cette variation, loin d’être isolée, s’étend aux shampooings, vêtements ou encore jouets, sans que rien ne la justifie sur le plan technique.

Cette « taxe rose » n’a rien d’un simple détail tarifaire. Elle s’inscrit dans une logique qui segmente l’offre, façonne les manières d’acheter et laisse des traces bien réelles, économiques comme sociales. Pourtant, ces effets restent bien souvent minorés, éclipsés par l’habitude ou l’indifférence générale.

Pourquoi les habitudes d’achat diffèrent-elles entre femmes et hommes ?

Impossible d’ignorer le chiffre : 80 % des décisions d’achat au sein des foyers reviennent aux femmes. On ne parle pas seulement de préférences individuelles, mais d’une répartition des rôles qui s’installe, parfois sans qu’on s’en rende compte, dans le quotidien de chacun. Être la personne qui choisit, compare, sélectionne pour la maison, les enfants, l’alimentation, cela finit par dessiner un profil d’acheteuse, bien au-delà du simple shopping plaisir.

Les femmes naviguent entre produits de soins, vêtements, électroménager, jeux pour enfants. Les hommes, eux, se concentrent sur des secteurs plus restreints : automobile, nouvelles technologies, bricolage. Cette différence n’a rien de spontané. Elle résulte d’années de stratégies commerciales qui orientent les envies et compartimentent les rayons.

Voici ce que montrent les études sur les comportements d’achat :

  • Les femmes réalisent davantage d’achats, qu’il s’agisse de choix volontaire, d’habitude ou de nécessité.
  • Les hommes privilégient les achats ponctuels, souvent plus chers à l’unité, mais moins fréquents.

Dans la pratique, les femmes prennent le temps de comparer, prévoient l’usage, examinent les alternatives. Les hommes, eux, vont droit au but : efficacité, immédiateté, fonctionnalité. Cette différence s’installe dès le plus jeune âge, entre jouets, vêtements et loisirs, renforcée par une segmentation marketing omniprésente.

La décision d’achat devient alors un reflet des attentes sociales : à la femme la gestion du foyer, au masculin la recherche de performance et d’innovation. Résultat, les femmes achètent plus souvent, les hommes dépensent plus à chaque passage en caisse. Deux manières de consommer, toutes deux orchestrées par l’industrie.

La taxe rose : comprendre un phénomène persistant et ses conséquences concrètes

La taxe rose : symbole d’une inégalité qui persiste, de la salle de bain au supermarché. Prenons un exemple simple : le rasoir. Même lame, même efficacité, mais version féminine affichée 20 % plus chère. Le packaging change, la couleur aussi, et le prix s’envole. Ce n’est ni une illusion ni un cas isolé. Selon la DGCCRF, l’écart de prix sur certains produits destinés aux femmes atteint régulièrement 10 à 15 %.

Quelques exemples concrets illustrent ces écarts tarifaires :

  • Rasoirs : 20 % de plus pour le modèle “pour elle”.
  • Déodorants : des différences pouvant aller jusqu’à 13 % pour une fragrance “féminine”, alors que la composition reste similaire.
  • Stylos : le fameux “Bic for Her”, vendu plus cher sous prétexte d’un rose pastel et d’un marketing ciblé.

La justification ? Elle tient surtout du discours marketing. On met en avant des “spécificités féminines” pour segmenter, différencier… et augmenter les prix. Résultat : les femmes se retrouvent à payer davantage pour des objets ou des services qui n’apportent, la plupart du temps, aucune réelle valeur ajoutée. Cette pratique, parfois qualifiée de discrimination tarifaire, installe une inégalité de fond, discrète mais tenace. Acheter un simple shampoing ou un déodorant devient alors un acte révélateur de cette mécanique invisible, qui pèse, jour après jour, sur le budget des consommatrices.

Coiffeuse avec produits de soin et maquillage dans un espace organisé

Marketing genré et stéréotypes : quels impacts sur les consommatrices aujourd’hui ?

Le marketing genré façonne les rayons, oriente les choix, imprime ses codes sur chaque emballage. Rose tendre, lettrage arrondi, promesses de douceur : difficile de ne pas remarquer les produits pensés pour les femmes. La segmentation est poussée à l’extrême. Le résultat ? Une offre calibrée au millimètre, qui oublie trop souvent la diversité des attentes et la réalité des besoins.

On retrouve régulièrement ce genre de produits dans les rayons :

  • Shampooings dédiés aux “cheveux longs”.
  • Smartphones “spécialement conçus pour elle”.
  • Vêtements de sport qui imposent systématiquement des coupes ajustées.

La consommation féminine subit ces clichés. Même les banques, l’informatique ou l’automobile se parent d’attributs supposés “féminins” pour séduire ce public. D’après Ipsos et Kantar, plus de 70 % des acheteuses françaises estiment que ces campagnes manquent de justesse ou frôlent le ridicule. L’écart se creuse entre la réalité et l’image véhiculée par le marketing.

Chaque année, la journée internationale des droits des femmes fait ressurgir ce débat. Les réseaux sociaux s’emparent de la question, dénoncent les campagnes jugées sexistes ou déconnectées. Les consommatrices réclament des messages plus sincères, moins de poudre aux yeux. Les marques qui privilégient l’inclusion et la fonctionnalité gagnent du terrain, répondant à une attente de plus en plus forte : voir la communication évoluer, s’aligner enfin sur la réalité des femmes d’aujourd’hui.

Demain, les rayons se délesteront-ils de ces étiquettes datées ? La réponse appartient autant aux consommatrices qu’aux marques. Mais une chose est sûre : chaque ticket de caisse, chaque campagne, façonne déjà le paysage de demain.

Nos lecteurs ont apprci

Fast fashion : solutions efficaces pour lutter

En 2023, plus de 100 milliards de vêtements ont été produits dans le monde, soit deux fois plus qu'il y a vingt ans. Malgré

Tendances couleurs printemps 2025 : les nuances incontournables

Les collections dévoilées lors des Fashion Weeks de septembre 2024 ont inversé la hiérarchie traditionnelle des couleurs saisonnières. Pour la première fois depuis une